Je sais, l'attente vous est longue, mais voici le début d'un nouveau chapitre (et j'en ai quelques-uns d'avance...

"Chapitre trois – Suite de l’exploration de Zercalo 3

Il ne fallut que deux semaines passées dans la cave pour que Quelfelec et Malféans inventent « le jeu des histoires croisées ». Ils s’asseyaient sous la seule ampoule de la pièce, où la lumière était la plus intense, l’un face à l’autre, ils tiraient au sort celui des deux qui devait commencer et ils racontaient, ils partaient dans des contrées nouvelles, rencontrer des visages neufs, affronter des ennemis inconnus, gravir des obstacles inattendus. Ils ne s’imposaient qu’une seule contrainte : ils devaient eux-mêmes personnifier les deux acteurs de leur histoire. Après un temps, celui qui avait commencé s’arrêtait au moment d’un rebondissement, l’autre prenait le relais. L’histoire de Zercalo 3 avait été entamée par Quelfelec, Malféans la poursuivit.

Tant d’années plus tard, lorsque Quelfelec entreprit de se réapproprier les histoires de leur enfance et quand il les fit découvrir à son neveu et à sa nièce, puis le jour où il décida de les mettre par écrit, pour offrir des clés, sans doute, la langue changea ; d’enfantine, elle mûrit et se para de mots qui étaient inconnus à l’époque, dans la cave, sous la lumière de l’ampoule unique.

« La peur se lisait sur le visage de Malféans. Quelfelec, par contre, ne dévoilait rien de ses sentiments. Le géant paraissait hilare. Il leur tendit une main que, dans un premier temps, ni Malféans ni Quelfelec ne prit, ignorant si, sur cette planète, l’offre de la main constituait un signe de bienvenue ou de méfiance. Le sourire dont le nouveau venu les gratifiait eut aussi bien pu signifier une attitude agressive qu’accorte. Dans le doute, ils s’abstinrent de toute réaction. Le temps suspendit son vol. Les trois restèrent un instant à se faire face. Seul le vol d’un drôle d’insecte pourvu d’une quinzaine de pattes et d’un nombre incalculable de petites ailes bigarrées troublait la quiétude gênée du moment. Une heure s’écoula, sans que le géant ne retire sa main, sans que les explorateurs n’osent y répondre. Puis, aussi soudainement qu’il était apparu, le géant se saisit de la main de Malféans, trop terrorisé pour réagir, et la mit dans la sienne. Il s’agissait bien d’un geste de bienvenue. Quelfelec fit signe au géant de s’asseoir sur un rocher. Celui-ci refusa et balança un coup de pied dans le « rocher » qui, troublé dans son sommeil, s’éloigna en lançant un grognement de fin de monde, plus proche d’une éructation que d’un cri élégant. ...;"